Contrairement à d’habitude, où je me contentais de balancer
10 albums d’un coup dans la tête des gens sans rien dire, je vais écrire un peu
ce coup-ci. Tenez bon.
J’étais au départ parti pour une grande diatribe à base de fuck Pitchfork et compagnie qui sortent
des tops 50 ou 100 des meilleurs disques de l’année. Un top, c’est 5 ou 10,
point. L’intérêt du truc c’est justement de choisir un peu.
Et puis je me suis rendu compte après avoir tout bouclé que j’avais oublié un album super important
pour moi, alors vous avez un top 11. Fuck me, j’imagine.
Comme je déteste en musique ranger dans des tiroirs et
sous-tiroirs trop compliqués, mais que j’ai quand même envie que vous vous
fassiez une idée du style des albums que j’ai choisis en quelques mots, je vais
citer pas mal de noms d’autres groupes. Vous n’êtes pas obligés d’être d’accord.
Il n’y a absolument pas de classement (c’est déjà l’enfer de
choisir une dizaine de disques, on va pas décider qui est le meilleur non
plus), et c’est un choix complètement autobiographique/subjectif – comprendre :
il y aura sans doute eu cette année de meilleurs disques que ceux choisis
(Blackstar de Bowie, par exemple) mais je les ai moins écoutés, et j’ai essayé
d’être honnête.
Je vous ai tout mis dans un player à la fin, parce que j’ai
très envie que vous écoutiez ça.
J’ai aussi très envie que vous m’envoyez vos sélections à vous, donc vous gênez pas
pour le faire sur twitter, facebook, instagram et que sais-je encore.
Allez, sparti.
Her Magic Wand :
Everything at once
de l’indie (français ! Mais en anglais ! Mais
français !) avec plein de synthés dedans que j’ai lu comparé à the
Notwist, Grandaddy ou the Postal Station, rien que des analogies pas absurdes
du tout. Je ne connaissais pas avant de tomber dessus par hasard.
J'aime internet.
Frank Ocean : Blonde
(et Endless aussi, je les écoute ensemble)
Je crois que tout le monde l’a bien aimé, celui-ci. Moi
aussi.
Okkervill River : Away
Je n’ai commencé à écouter Okkervill River que cette année,
donc tous les albums me sont tombés d’un coup dessus, et pourtant Away, sorti
en 2016 donc, est l’un de mes préférés. Du très beau folk, bien écrit et
avec une production qui me rend encore dingue à la 1000e écoute.
The Magnetic
North : Prospects of Skelmerdale
Un écossais, une irlandaise et un anglais (anglais qui a
joué de la guitare dans the Verve, Blur et le the Good, the Bad & the Queen
de Damon Albarn, tranquille le CV) rassemblés pour un album sur la petite ville
écossaise de Skelmerdale. C’est fantastique, ça me fait penser à un autre album
écossais sur l'Ecosse (le Diamond Mine de John Hopkins et Kid Creosote, l’un de mes desert
island discs ), et on pourrait aussi rapprocher ça de Sufjan Stevens ou de San
Fermin.
Bon Iver : 22, A Million
Justin Vernon a mis plein de synthés et de samples dans son
folk qui n’en est plus du tout du coup, et qui ressemble de plus en plus à du
Peter Gabriel et du Talk Talk période derniers albums. Pas une minute de gâchée sur ce disque qui passe super vite.
SURVIVE : RR7349
SURVIVE, c’est un groupe 4 types, sauf que tout le monde
joue du synthé dedans, et que 2 des 4 ont signé la B.O de Stranger Things cette
année. Vous voyez très bien à quoi ça peut ressembler.
Stranded Horse :
Luxe
Folk anglais + de la kora partout + chanson française + des
violons. Comme les albums précédents de Stranded Horse, mais avec plus de tout. Plus varié, aussi.
Danny Brown : Atrocity Exhibition
Je suis un très mauvais fan de hip-hop – j’en écoute
pas mal, mais à l’arrivée, rares sont les disques du style que j’écoute des
dizaines de fois dans l’année, j’ai plutôt tendance à picorer à droite à
gauche.
Pourtant, à chaque fois, je retrouve toujours un album qui a tourné non stop.
Il y a eu Run the Jewels 2, Yeezus, Kendrick et Doomtree l’an dernier… et cette
fois, c’est Danny Brown. C’est punk, oppressant comme du trip-hop ou de l’indus,
taré comme du Outkast ou du Run the Jewels, sans être du crossover pour autant.
Emily Jane
White :
J’ai lu quelque part (je crois que c’est Martial de Total
Heaven qui écrivait ça) que cet album avait de gros côtés Kate Bush, ce qui
marche bien comme image. Du Kate Bush sombre, tout acoustique, avec (je ne sais
pas pourquoi ça m’a frappé autant) beaucoup de basses et de bas-medium, ce qui
contribue au côté dark.
Joe Volk : Happenings and Killings
J.V. est un chanteur folk anglais de Bristol que je suis
depuis quelques années déjà, et il a sorti cette année son 2e album solo
– et chef-d’œuvre – avec entre autres, comme musiciens ou producteurs, Geoff Barrow et
Adrian Utley (ce qui nous fait donc les 2/3 de Portishead) et Ben Salisbury
(pote de Geoff Barrow, b.o pour Ex-Machina, Black Mirror…)
Vektor : Terminal Redux
Je pourrais faire un top metal séparé tant il y a eu
d’albums cools dans le genre cette année, mais c’est ce disque qui se détache
au final.
C’était pourtant pas gagné au départ : après avoir lu des chroniques
dingues sur le disque, j’ai bien rigolé en voyant la photo du groupe (j’ai
d’abord cru à une bande de vieux thrashers à la Overkill), moins rigolé en
découvrant qu’ils étaient bien plus jeunes que moi, et bien écouté l’album, qui
va beaucoup plus loin qu’un simple hommage au thrash des années 80. C’est un
album fou, il faut s’accrocher un peu pour l’écouter en entier, mais ça vaut le
coup.
Je vais peut-être vous perdre, mais pour moi il a fait avec le thrash ce que
l’album de Kamasi Wahsington a fait avec le jazz l’an dernier : tout en
restant parfaitement dans son style de départ et sans aucune compromission, il
est suffisamment bien composé et arrangé pour s’ouvrir à qui, hors de sa
chapelle, ouvrira les oreilles à ce moment-là.